Beyond Growth : la jeunesse qui croit

Un « I have a dream » aussi candide que puissant de la voix d’Adélaïde Charlier, cofondatrice du mouvement Youth for climate en Belgique, résonne dans un hémicycle jeune et militant. Une scène rare dans le Parlement européen de Bruxelles qui accueille du 15 au 17 mai 2023 la conférence Beyond Growth, au-delà de la croissance. 3 jours pour convaincre de l’urgence climatique selon l’économiste français Timothée Parrique.

Crédit : Amina Sidi Yekhlef

Une jeunesse actrice de Beyond Growth

Philippe Lamberts, co-organisateur de Beyond Growth, s’émeut de voir une assemblée si jeune et si dense en ce lundi 9h. Les quelques éminentes chercheuses présentes comme Kate Raworth, à l’origine de la théorie du donut, ou Sandrine Dixson-Declève, co-présidente du Club de Rome, veillent avec fierté sur une nouvelle génération de jeunes citoyens touchés par l’enjeu environnemental. Un Parlement qui se rajeunit également dans ses pratiques, intégrant les questions d’internautes suivant les lives des conférences, dont une qui a particulièrement marqué l’assemblée : la si grande présence de jeune à cette conférence n’est-elle pas une preuve d’échec ? Où sont les décideurs ?

À Beyond Growth, on parle d’environnement, mais plus particulièrement de remise en question de la croissance économique dans un climat d’urgence. L’activiste Adélaïde Charlier, invitée à ouvrir cette conférence, aux côtés de chercheurs et de décisionnaires européens, revient sur l’ingérence du calcul du PIB et sur la course effrénée à la croissance. Elle incarne à Beyond Growth cette vingtaine qui espère, qui « a un rêve ». Le rêve que cette Europe, bien plus vieille qu’elle, n’oublie pas les valeurs de solidarité et de paix sur lesquelles elle s’est construite, et qu’elle n’ignore plus sa responsabilité dans la vulnérabilité climatique des pays pauvres.

De l’éco-anxiété à l’espoir comme moteur d’action

Du discours d’ouverture de la conférence Beyond Growth de Philippe Lamberts, entrecoupé d’anecdotes et de bons mots qui n’a pas laissé l’assemblée indifférente, on retiendra son mot de fin : « l’espoir ne peut être aveugle ».

Il oppose au déni climatique une lucidité nécessaire à l’action. Une lucidité qui, bien qu’elle crée naturellement une vague d’angoisse, permet cet espoir, porté par les jeunes générations. L’économiste Timothée Parrique souligne que l’espoir peut s’essouffler chez les précurseurs de l’activisme environnemental. C’est dans cette « salle d’attente du changement », comme il aime à l’appeler, que les militants des années 1970 ont une résidence.

Philippe Lamberts semble alors tenir à cette nouvelle génération qui ce lundi 15 mai, occupant les sièges des députés, attend des réponses politiques paradigmatiques à l’urgence climatique. Même Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, trempe un bout d’orteil dans l’idée, invraisemblable il y a encore quelques années au Parlement européen, d’un changement de système : « un modèle de croissance centré sur les combustibles fossiles est tout simplement obsolète ». Une prise de position très remarquée par les plus jeunes de l’assemblée comme par les habitués de la salle d’attente du changement.

Amina Sidi Yekhlef


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