Code Rouge : l’aviation prise pour cible

Le 16 et 17 décembre, le mouvement de désobéissance civile Code Rouge s’est attaqué à l’aviation belge. À Anvers et à Liège, 1200 activistes de différentes associations écologistes ont occupé les aéroports et paralysé le trafic. Code Rouge regrette la violence des interpellations effectuées par la police.

Activistes de Code Rouge interpellés par la police à Anvers. Crédit : Amina Sidi Yekhlef

Plusieurs centaines d’activistes ont été arrêté par la police à Anvers et à Liège le week-end du 16 au 17 décembre. La raison ? Le projet Code Rouge en marche pour bloquer l’aéroport d’Anvers, ainsi que l’entrepôt d’Alibaba, à l’aéroport de Liège. Les militants écologistes demandent l’interdiction des jets à usage privé ainsi que la fin des subventions pour le secteur de l’aviation. En définitive, une diminution significative et massive du secteur est attendue par les activistes présents sur place.

Les activistes ont également visé Alibaba en raison des conséquences désastreuses générées par la compagnie chinoise. Cette dernière produit de la marchandise peu durables, à bas coût. Le transport de ces marchandises par avion est également décrié.

Le pollueur des airs

Les activistes qui ont répondu présent à l’appel de Code Rouge dénoncent les conséquences désastreuses de l’aviation.

Il est difficile de calculer l’impact réel de l’aviation sur l’environnement. Ce mode de transport pollue par ses émissions directes de carbone en vol, mais aussi par les traînées de condensation. Ces dernières correspondent aux traces blanches dans le ciel, laissées par les avions sur leur passage. Elles sont composées en majorité de vapeur d’eau, mais également de CO2.

Selon les organismes à l’origine des calculs de l’impact environnemental de l’avion, les chiffres varient. Certains organismes ne prennent en compte que les émissions de carbone du vol, d’autres ajoutent les fameuses traînées de condensation.

Le symbole de l’injustice sociale

L’impact environnemental de l’avion s’appréhende par les émissions de carbone par passagers. De ce fait, le jet privé ou simplement la première classe ou la classe business dans un avion ligne, explosent les compteurs.

Un jet privé émet en moyenne dix fois plus de gaz à effet de serre au kilomètre qu’un avion de ligne. Il émet cinquante fois plus qu’un train, pour un trajet similaire.

Activistes de Code Rouge en marche pour le site de l’aéroport d’Anvers. Crédit : Amina Sidi Yekhlef


La volonté des activistes de Code Rouge d’interdire les jets privés est à la fois une revendication en faveur de la diminution des émissions globales de gaz à effet de serre, et une volonté de justice sociale. 1 % des voyageurs qui prennent l’avion est responsable de 50 % des gaz à effet de serre du secteur de l’aviation. Dans ce 1 %, les utilisateurs de jets privés ont une place de choix. Rappelons par ailleurs que 80 à 90 % des personnes dans le monde n’ont jamais pris l’avion.

Dans les faits, les plus riches ont une empreinte carbone bien plus importantes que les plus pauvres. Or, ce sont les plus pauvres, à l’échelle nationale et mondiale, qui en pâtissent le plus.

Un objectif atteint

Du côté de Liège, les 600 activistes étaient chargés d’occuper l’entrepôt d’Alibaba, la société chinoise de e-commerce. Le site a été paralysé pendant un peu moins de 24 heures. D’après les organisateurs de Code Rouge, les avions transportant les biens de consommation de la société chinoise n’ont pas pu être déchargé. Les camions de distribution, de leurs côtés, n’ont pas pu être chargés des produits d’Alibaba. L’entrepôt a été déserté par les activistes dimanche 17 décembre, en début d’après-midi.

À Anvers, les activistes de Code Rouge étaient en mission jets privés. Chloé Mikolajczak, porte-parole du mouvement, explique que 76 % des vols accueilli par l’aéroport international d’Anvers-Deurne sont des vols de jets à usage privé. D’après les organisateurs de Code Rouge, aucun jet privé n’a décollé de la ville durant l’opération.

Les activistes se réjouissent. Après deux opérations ciblant TotalEnergie et Engie en 2022 et en 2023, le troisième volet de Code Rouge se focalisant sur le secteur de l’aviation est un succès pour eux. Ils ont bien réussi à paralyser, pendant le temps de leur occupation, l’aéroport d’Anvers et l’entrepôt d’Alibaba à l’aéroport de Liège.

Un dispositif policier conséquent

La désobéissance civile, cœur d’action de Code Rouge, implique quasi nécessairement une intervention des forces de l’ordre. Les activistes reprochent cependant la disproportion de la réponse policière et sa violence.

Policiers interpellant les activistes de Code Rouge. Crédit : Amina Sidi Yekhlef

Les organisateurs de Code Rouge déplorent des arrestations violentes, des coups de matraques et l’utilisation de gaz lacrymogène pour maîtriser les activistes. De la violence verbale a également été rapportée.

 » Nos activistes ont eu droit à des matraques, des gaz lacrymogènes au poivre, et d’autres brutalités policières au cours de leur action non-violente. Ce sont pourtant bien les grands pollueurs, tels que ces aéroports dépendants de subventions, qui sont les véritables criminels. Nous avons vu ce week-end la police se ranger du côté de ces grands pollueurs. »

Xavier De Wannemaeker, porte-parole de Code Rouge

Cette violence a notamment été exercée à Anvers. Le dispositif policier était très conséquent. Des dizaines de fourgons de police sont arrivés dès le début de l’opération, samedi 16 décembre, à partir de 15h. Un hélicoptère a également survolé la scène.

C’est en raison de ce dispositif policier très important que les 600 activistes n’ont pas pu tous arriver à occuper l’aéroport. Seules quelques-uns ont atteint la terre promise. Assez pour paralyser le trafic.

Malgré le sentiment du devoir accompli, les activistes de Code Rouge alertent sur l’escalade de violence envers les militants écologistes. Le week-end Code Rouge volet 3 se termine donc en demi-teinte.

Amina Sidi Yekhlef


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